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Mischa Kuball - Playtime (domestic version) Paris

  • playtime vue d'expo cyrille robin

    © Cyrille Robin

Scénographe de l’image projetée, Mischa Kuball interroge les dispositifs de médiation de la réalité par les médias et ses implications sociales. L’installation playtime (domestic version) - Paris, lui a été inspirée par le film éponyme de Jacques Tati et les recherches optiques de Marcel Duchamp synthétisées dans Le Grand Verre.

La sophistication technique, qui prend en charge toutes les approches de la réalité médiatisée par les images, permet–elle une meilleure communication ? Autorise-t-elle une connaissance extensive du monde où constitue-t-elle un barrage pour la vision ? Le foyer de l’installation est un film tourné dans les rues de Paris et sur-médiatisé par un dispositif de projection complexe qui l’étire et le disperse dans le temps et l’espace. Mischa Kuball a souvent fait de cette « vision éclatée » le sujet de son oeuvre. Des « présents d’ailleurs » infiltrent quotidiennement notre vie à travers les écrans portables qui nous accompagnent. Ces fenêtres nous déplacent facilement de l’endroit où nous étions, ou du problème qui nous retenait ; nous voici soudain soustraits, distraits de nous même, l’ici et maintenant éclate.

En imaginant un dispositif proche de celui des lanternes magiques, Mischa Kuball « brise les divisions traditionnelles entre imagination, espace et temps causées par les développements technologiques et débattues en sciences ». L’ensemble évoque tout autant les images fuyantes d’un paysage perçu d’un train en marche que les spectacles polychromes provoquées par les vitraux dans les architectures religieuses. Ce ballet mécanique est un condensé centrifuge d’expérimentation optique et d’émerveillement pop.

Le caractère inachevé de l’installation playtime (domestic version) - Paris conserve un style interrogatif, proche d’une réflexion phénoménologique portée sur le terrain favori de l’empirisme; la perception. En bon scénographe, Mischa Kuball mise sur la capacité de chacun à organiser ce flux continu d’interactions. Il retient l'ambivalence critique du film Playtime qui convertit les frustrations et les ratés de l’expérience en des catalyseurs de poésie.

Commissariat d'exposition et communiqué de presse pour la galerie laurent mueller