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Mark Jenkins, the studio

  • Mark Jenkins
Voici une dizaine d’années que Mark Jenkins dispose ses sculptures incongrues sur les trottoirs des villes, un peu partout dans le monde. Le mobilier urbain sert de socle et de point d’appui à ses mannequins qu’il fabrique en moulant des modèles vivants et habille de vêtements passepartout pour mieux les mêler aux passants. Un homme enfoncé tête en bas dans une poubelle, un autre à genoux devant une vitrine de prêt à porter féminin, ou des corps ficelés dans des sacs poubelle et jetés sur le trottoir comme un sapin après les fêtes, voici quelques-uns des scénarios grotesques qu’il a imaginés. C’est assez pour perturber le flux des passants indifférents en suscitant la surprise, le trouble et les rires.

Autodidacte, Jenkins n’a pas fréquenté les écoles d’art. Mais il dit avoir été profondément marqué par les sculptures de l’artiste Juan Muñoz découvertes au Hirshhorn museum. Jenkins renouvelle surtout une critique de la société de consommation amorcée dans les années 1970 par des artistes qui ont choisi le corps humain comme support de représentation de son aliénation. Duane Hanson est l’un des plus exemplaires : les personnages immobiles qu’il met en scène paraissent dépourvus d’intériorité. Leur regard vide ne trahit pas même l’ennui mais un vide abyssal. Jenkins radicalise le propos avec ses mannequins au visage souvent absent. Si l’on distingue encore chez Hanson comme chez George Segal un malaise lié à la tension entre l’apparence extérieure d’un individu et le vide existentiel qui l’habite.

Mark Jenkins annule quant à lui toute approche psychologique.
Prostrés, écrasés, abandonnés à leur sort, les corps qu’il met en scène sont des objets inertes, des fantoches desquels toute subjectivité a été évacuée. Mais aux situations profondément réalistes et volontairement banales privilégiées par ses aînés, Mark Jenkins préfère la dérision et se rapproche à ce titre d’Erwin Wurm.

Depuis les années 80 et la fin des idéologies collectives, l’impertinence et l’absurde s’avèrent aujourd’hui plus efficaces pour effriter les remparts de l’individualisme. Comme au carnaval, l’idée est surtout chez Jenkins de lever les tabous, de révéler ce dont personne n’a plus le courage de parler, en évacuant les tensions. Jenkins touche la colère rentrée des citadins, leur frustration liée à la solitude, à la précarité et au mal logement. C’est sur ce fond de mal-être ambiant que joue l’impact de ses interventions dans l’espace public. Plutôt que de diffuser un message, Jenkins veut surtout faire réagir et raviver les échanges.

Texte pour la galerie Patricia Dorfmann, paru dans Le magazine du Palais de Tokyo, Nouvelles Vagues, été 2013.
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