Katharina Monka, A 00315

  • kmlm
Dans la lignée d'un art conceptuel attentif aux contextes de présentation de l'oeuvre d'art, Katharina Monka s'intéresse aux conditions de sa réception, à son fonctionnement en tant que dispositif de monstration.

"On entre dans l'exposition d'un lieu où ce qui a lieu s'expose". Cette description par René Denizot d'une installation de Daniel Buren intitulée "une enveloppe peut en cacher une autre" situe aussi pleinement l'enjeu du dispositif imaginé par Katharina Monka pour le Studio. Il s'articule autour d'un film réalisé lors de sa précédente exposition à Munster. La présentation de son oeuvre y prend un caractère rituel avec la complicité de son galeriste allemand. Son rôle d'intermédiaire assurant la rencontre du public avec l'oeuvre est ici minutieusement chorégraphié dans ses faits et gestes. La blancheur du white cube et son acoustique singulière participent d'une esthétique froide, presque clinique où cette mise en oeuvre du show rejaillit avec force. Katharina Monka nous la présente comme la négociation sans cesse tentée d'un point d'équilibre vital entre le vide et le plein, l'animé et l'inanimé, le corps et l'objet, le manifeste et le caché.

Le spectateur en est à ce titre un acteur - et activateur essentiel. Les sculptures ici exposées se confondent d'ailleurs avec un mobilier destiné à moduler ses comportements. La présence du corps passe aussi par leur aspect inachevé, les choix plastiques subtils leur assignant une façade et un dos. Le vivant les contamine comme ces plantes s'échappant d'une table basse et voisinant un cube blanc orné de vis dont les faces intérieures exhibent l'impact de leur perforation.

Dans cette exposition reposant sur un jeu formel de renvois et de mises en abîme, c'est tout un dialogue entre le corps et l'espace qui s'incarne avec humour. Un humour qui subvertit le jeu des apparences, perfore les surfaces, exhibe les processus pour humaniser les objets, surprendre et tenter une rencontre singulière avec le visiteur.

Communiqué de presse pour la galerie laurent mueller, septembre 2015